Project Project

Superamas phase n°1

Phœnix Artificier

(Text in french only)

L’équipe du CAN tente de renouveler sa quête d’un point de déséquilibre permanent. Pour ce faire, elle lance un cycle d’expositions et d’événements qui tentera de faire la synthèse des différentes préoccupations pratiques et théoriques du CAN, en cherchant à provoquer une convergence entre son autocritique institutionnelle et les expositions proposées dans son white cube. Ce cycle, intitulé Superamas, sera constitué d’une suite de phases conçue de manière organique. Elles s’enchaîneront les unes à la suite des autres sans qu’une fin ou un début ne soient véritablement perceptibles pour chacune d’elles. L’exposition sera donc en transformation permanente. Superamas devrait être constitués de quatre phases qui se dérouleront jusqu’en mars 2013. Les espaces d’exposition et les bureaux seront progressivement fusionnés afin de limiter la séparation entre un lieu de présentation de l’art – habituellement figé le temps de l’exposition – et celui de sa conception et de sa réalisation qui reste en mouvement permanent. Il s’agira donc d’habiter et de vivre le centre d’art, plutôt que de le faire vivre, dans une volonté de mêler praxis et théorie, d’offrir un cadre propice à l’apparition.

Superamas présentera des œuvres qui pourront être conçues et produites sur place pendant l’exposition, tout comme des pièces préalablement existantes. Différents événements (conférences, discussions, projections, concerts, performances, etc.) y prendront place. Ces derniers pourront, eux aussi, se dérouler de manière spontanée, ou, au contraire, être programmés à l’avance. Les espaces d’expositions accueilleront une partie des bureaux, et seront donc également le lieu de conception des transformations successives de Superamas. Des micro-éditions (tirages photocopies) seront conçues et imprimées sur place au fur et à mesure de l’avancement du cycle.

Les thèmes abordés dans le cadre de Superamas tourneront autour des vastes problématiques d’espace et de temps, de sacralisation et désacralisation des œuvres et des espaces d’art, des conditions propices à l’apparition d’un moment utopique ou de la modification de l’état de conscience. Au regard du poids, voir de la lourdeur, de ces thématiques, il ne s’agira pas de les soulever dans la volonté de les exhiber dans leur stupéfiante totalité. Nous les envisageons comme des nuages thématiques dont nous tenterons d’aspirer quelques vapeurs au cours d’un voyage dont les itinéraires seront définis au gré des propositions des artistes et de l’équipe, ainsi que de la configuration des terrains rencontrés.

La première séquence de Superamas débutera, le 18 mai 2012, par la présentation de trois installations filmiques dans les espaces principaux du CAN. Durant l’exposition d’autres œuvres viendront compléter, puis remplacer les premières installations exposées.

Where You Can See It All the Time, 2010-2012, de Stephan Freivogel réorganise le défilement d’une séquence vidéo selon une nouvelle logique spatio-temporelle. Le déroulement classique du film, consistant à projeter une suite d’images bidimensionnelles dans l’ordre où elles ont été prises, y est bouleversé. Freivogel intervertit un des axes spatiaux avec l’axe temporel, traitant donc le temps et l’espace comme une seule et même matière.

Lent portrait de Sainte Bernadette, 2011, de Laurent Montaron consiste en un film 16 mm en boucle. La camera montre le portrait de la Sainte, dont le corps qui repose à Nevers en France ne montre aucun signe de décomposition depuis sa mort en 1879. L’étrange beauté sculpturale de ce visage est sublimée par le mouvement extrêmement lent du focus, ouvrant une réflexion poétique sur l’éternité, le caractère généralement éphémère de la chair et du médium qui tente d’en conserver l’image – la pellicule 16 mm subissant l’usure du temps au cours de l’exposition, le visage projeté de la sainte tend à s’estomper.

Avec Long Live the New Flesh, 2009, Nicolas Provost semble pousser à l’extrême la compression des images numériques pour les amener au seuil de leur destruction. En révélant la structure de pixels de scènes de films d’horreur, il parvient pourtant à faire muter ces images en une matière abstraite et brutale qui acquiert paradoxalement une beauté picturale fascinante.

Ces trois œuvres questionnent chacune de façon spécifique le médium filmique, sa relation au temps et à l’image. Si elles soulèvent des réflexions sur notre environnement médiatique, elles permettent aussi au spectateur de s’immerger au cœur d’une expérience hypnotique où ses sens et son appréhension du temps sont bousculés.

Dans les semaines qui suivront le vernissage, plusieurs artistes viendront augmenter et transformer cette situation de départ. Matthieu Pilloud, Marion Tampon-Lajarriette et Sebastien Verdon (entre autres) interviendront librement dans l’exposition. Celle-ci sera donc en mouvement permanent induisant une redéfinition constante de ses interprétations. Ainsi Superamas tentera de fusionner praxis et théorie pour se rapprocher d’une pensée et d’une créativité qui se déploie sur le fil ténu du présent.

Vernissage le 18 mai 2012
Exposition du 19 mai 2012 au 14 juillet 2012

CAN team
Arthur de Pury, Marie Villemin, Martin Widmer, Marie Léa Zwahlen, Julian Thompson