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Ring 1er Round

Event

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Le CAN lance un cycle d’événements sur le thème de la violence nommé Ring. Ces soirées donneront suite à une performance artistique de Till Rabus qui avait, en 2003, organisé et participé à un combat de boxe entre deux artistes. Il s’agira de resserrer les liens, toujours ambigus, qu’entretiennent les artistes, les médias et la plupart d’entre nous, avec la violence et ses représentations. Le thème de l’insécurité et de la violence est depuis longtemps un des piliers du paysage politico-médiatique ; et même si les actes de violences n’ont pas réellement augmenté dans nos villes, le « sentiment d’insécurité » semble avoir pris une certaine consistance.

De jeunes créateurs seront invités à intervenir sur, ou autour, d’un ring de boxe érigé pour l’occasion au CAN ou en d’autres lieux du canton. Afin que leurs propositions soient elles-mêmes mises en danger et en perspective, leurs performances pourront être suivies de combats de boxe, par exemple, afin de confronter les artistes et le public à l’expression d’une violence physique brute, bien qu’encadrée par ses règles.

Phase 1 :
Présentation et débat autour du reportage et livre « choc » Levées de corps, de Steeve Iuncker et Thierry Mertenat (éditions Labor et Fides) en présence de T. Mertenat (auteur, journaliste), Christian Luthy (inspecteur, chef de brigade de la Police genevoise), Olivier Guéniat (chef de la Police de sûreté neuchâteloise) et Gabriel de Montmollin (éditeur).
Cet ouvrage unique en son genre présente la réalité de la mort telle que la vivent à Genève la Brigade du commissariat de la Police, l’Institut Universitaire de médecine légale et les Pompes funèbres. Pendant une année, le photographe Steeve Iuncker et le journaliste Thierry Mertenat ont suivi le travail de leurs acteurs chargés de gérer en direct les morts violentes, oubliées ou accidentelles survenues hors du contexte traditionnel de l’hôpital ou de la famille.
Ce livre présente une série de situations réelles par le texte et l’image. 30 procès-verbaux de levées de corps racontent l’arrivée sur le lieu d’un décès des préposés au constat, à la manipulation des corps et à l’annonce aux familles. Parallèlement, 51 photographies restituent l’activité des professionnels de la mort, depuis les premiers contacts avec la personne décédée jusqu’à la phase du service funèbre, en passant par les opérations de transports et d’autopsie.
Par rapport à des livres traitant de la mort, Levées de corps propose une vision plus radicale : celle de faire voir et lire en amont de la morgue, de la médecine légale et des pompes funèbres, la vision immédiate du corps décédé avant et pendant sa première prise en charge.

Phase 2 :
Pour cette deuxième phase, une carte blanche a été confiée à l’artiste et metteur en scène genevois Eric Devanthéry dont le travail est traversé par des visions de violences extrêmes mise en formes dans des scénographies résolument trash. Ses mises en scènes, très crues, de Disco Pigs de Walsh, de Supermarché de Srbljanovc ou d’Anéantis de Kane, s’intéressaient particulièrement aux questions de représentation de la violence sur scène.
Pour l’occasion, Eric Devanthéry propose une performance basée sur le texte de Jan Fabre Je suis sang. Il envisage le ring dans une double perspective : lieu de sport, donc de commentaires liés à cette activité, et lieu d’exposition des corps, ici comme le négatif/renversement d’un auditorium de dissection du XVIe siècle. Tout le processus de la performance consistera, en référence à Artaud et son théâtre de la cruauté, à faire subir au spectateur un traitement de choc, de façon à le libérer de l’emprise d’une pensée discursive. Pour ce faire, il mêlera sport et chirurgie, dans une généalogie pratique et théorique du sang.