Date Francis Baudevin, Christian Floquet, Christian Robert-Tissot

23.01 – 20.03.2005

Projet Projet

Francis Baudevin, Christian Floquet, Christian Robert-Tissot

On peut s’intéresser à l’art contemporain ou ne pas s’intéresser. On peut s’intéresser à ce qui dans le champ de l’art contemporain s’y passe, en suisse romande par exemple. On peut l’ignorer, mais si l’on s’intéresse, tant soit peu, on ne peut pas ne pas avoir remarqué que depuis déjà un moment, certains artistes se sont attachés à une pratique de la peinture, qui serait celle d’une peinture abstraite plus ou moins géométrique, plus ou moins formelle, plus ou moins appropriationiste, plus ou moins conceptuelle.

Cette « nouvelle abstraction suisse » comme on l’a appelée a été repérée par des galeries et des critiques non seulement localement, mais aussi internationalement. Elle fait aujourd’hui partie du paysage artistique contemporain.

Ce qui dans cette affaire est particulier, c’est pas que nous avons ici plusieurs pratiques du même ordre qui regroupent plusieurs générations et que même si on peut leur trouver un air de famille, elles ont également chacune leur identité. Il nous a semblé qu’il était fort intéressant de nous poser la question de ce que signifient ces pratiques et de ce qu’elles veulent nous dire. La manière de formuler cette question, c’est de donner à ces pratiques la possibilité de montrer les travaux qui en sont l’objet.

C’est ce que fait aujourd’hui le CAN et c’est bien une telle exposition et le regard que l’on portera sur ces travaux qui nous aidera à voir ce dont il s’agit, on peut aussi remarquer que ces artistes se connaissent, en particulier les trois artistes qui exposent au CAN, et Baudevin a partagé un atelier à Lausanne avec Dafflon qui exposera dans quelques jours à Lyon chez Verney-Carron avec Stephane Kropf.

Si ces artistes se sont attachés à cette pratique de peinture, ce n’est pas tout à fait par hasard. La présence de John Armleder à Genève, le passage de Federlé à l’ESAV, peut-être ma présence par ici a dû compter, mais il y a dans les pratiques de ces nouvelles générations une identité que est bien la leur, voire une critique des pratiques précédentes qui articule leur spécificité et qui leur permet de se démarquer de ce qui s’est passé avant eux, de même qu’il y a des différences entre leurs pratiques qui marquent leurs identités respectives.

Si Floquet est peut-être plus traditionnellement peintre, le travail de Robert-Tissot se rapproche sous une forme pop d’un art conceptuel qui utilise le langage et les mots. Quant à Baudevin, il opère un retour post-moderne vers une lecture formelle d’éléments, là aussi trouvés (pop) ou conceptuels appropriés.

En dernière analyse, ce qui permet une telle exposition, c’est au-delà des goûts et des couleurs, de poser la question de l’importance de ce que peuvent faire les artistes aujourd’hui et de ce qui fait la qualité de leurs travaux..
Au studio du CAN, Amy Granat, une jeune artiste de Brooklyn grâce à son installation de films abstraits signale une certaine continuité du discours contemporain. C’est aussi la touche internationale de cette exposition et peut-être un dialogue avec les installations vidéo de l’OFS.

Pour le reste, c’est en regardant de décider ce qu’une telle exposition lui apporte.

Commentaire sur l’exposition par Olivier Mosset

Exposition du 23 janvier au 20 mars 2005