Projet Projet
Luigi Russolo publiait en 1913 le manifeste L’Art des bruits. Tous les codes de la musique volaient en éclats. Pierre Henry inaugurera la musique concrète. John Cage affinera les perceptions auditives avec ses « pianos préparés » et silences programmés. Plus tard, dans un autre registre, les membres de Kraftwerk déclareront : « nous ne sommes pas des musiciens, nous sommes des scientifiques du son ».
La suite est également connue : techno, house, hip-hop, trance, gabber, drum&bass, jungle, break-beat, ambient, DUB… Finalement, peu importe les définitions. Ce weekend (premier d’une série…) permettra de voir, entendre et partager les phénomènes générés par la rencontre des idées et de la technologie. La technologie a influencé l’histoire de l’art de notre siècle et permis aux artistes qui ont su la maîtriser de mieux comprendre et explorer nos mondes.
Au programme de ce week-end :
– Films de Iara Lee Modulations et Synthetic Pleasures.
– Vidéos en relation avec les sujets traités dans les films.
– Vidéos de Shawn Chappelle et Alex Iordachescu.
– Performances (Syntaxes éphémères) durant lesquelles vous vous exprimerez en direct avec des images et des sons.
– Web-conférence pour savoir plus sur les artistes et les sites relatifs à la musique électronique.
Vendredi 23 et samedi 24 avril 1999 dès 20h30.
Grâce à l’utilisation de la technologie, l’état de perception du spectateur peut être élargi. Le lien entre la musique et l’image peut générer des sensations psychiques et physiques difficiles à décrire. Un premier weekend fut consacré à l’exploration de ce terrain. Ce fut Modulations. Le film de Iara Lee Synthetic Pleasure analysait l’impact des nouvelles technologies sur l’être humain et son environnement. La réalité virtuelle, l’intelligence artificielle, le cybersex et autres développements techniques à la mode plongeaient le spectateur dans le vertige d’une nouvelle définition de l’humain et montraient à quel point la technologie a influencé l’histoire de l’art et permis aux artistes qui ont su la maîtriser de mieux comprendre et explorer nos mondes. Ce film constituait l’entrée en matière d’un sujet plus précis : l’éclatement des structures musicales et ses conséquences.
Modulations, un autre film de Iara Lee, analysait notamment l’histoire de la musique électronique à la lumière du manifeste de Luigi Russolo l’Art des bruits qui en 1913 faisait voler en éclats les structures de la mélodie et de l’harmonie, telles qu’utilisées par les musiciens jusque-là. La performance Syntaxes éphémères se jouait sur un clavier de synthétiseur auquel on avait dédié des séquences d’images à chaque touche. En interprétant différentes mélodies sur ce clavier, il est possible d’obtenir un agencement différent de séquences d’images. Le rapport audiovisuel prenait ici des formes surprenantes. La performance Early techno consistait à disposer sur le sol de vieux vinyles de Cage, Henry, Stockhausen, etc. pour les commenter et les mixer. Le passé et le présent étaient à nouveau confrontés, ou plutôt mélangés, afin d’obtenir une substance propre à questionner l’état d’un art actuel.
Ivo Zanetti
Les 23 et 24 avril 1999
CAN Centre d’art Neuchâtel, Modulations