Mayday

MAYDAY est un code utilisé à l’origine par les pilotes de chasse en détresse. L’idée principale est de réaliser une exposition autour de cet état de tension qui secoue le pilote lorsqu’il se rend compte que son avion va irrémédiablement s’écraser. Avant cet instant fatidique où le pilote actionne le siège éjectable. Un moment interlope où la vie peut s’en aller, la mort venir. Une zone instable où la notion de temps se dilate à l’infini, se réduit en terme de possibilités. Un moment où tout peut disparaître (mais en même temps tout est encore là, à portée de main). Ce phénomène de disparition est capital dans ce projet d’exposition. La menace d’une éclipse, d’un évanouissement de l’oeuvre d’art (seule dans le noir, invisible et n’intéressant plus personne, ce qui ne manque pas en ces temps de crise et de désenchantement de susciter la pitié d’âmes charitables est précisément ce qui marque son intérêt, sa pertinence. La stabilité d’une oeuvre d’art, sa sérénité, sa tranquillité la condamne à une simple image, rassurante, consommable, digérable, véhiculant un peu ce même sentiment béat qui nous envahit après quelques heures passées devant la télévision, le six-pack de bière consommé. Ce qui fonde son intérêt, c’est l’angoisse d’une possible disparition, la tension résultant d’une présence au statut incertain, interlope.
MAYDAY, c’est l’histoire d’un aviateur obsédé par son siège éjectable, d’une mouche qui rêve d’une agonie sans fin, engluée dans la peinture d’un monochome, d’un condamné qui trouve dans le crissement de la corde autour de son cou l’amorce d’une symphonie qu’il aimerait encore écrire.
« Mais bon sang, grommela Herbert en écrasant rageusement son poing contre la vitre du cockpit, que se passe-t-il ? L’avion s’écrase mais ne tombe pas ! »

Marc-Olivier Wahler

Vernissage le 13 novembre 1999
Exposition du 14 novembre au 22 décembre 1999