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L’Hospice des Mille-Cuisses

Expériences de guérison

Fin août, le CAN investira les anciens abattoirs de Serrières pour y créer son «hospice». Cette friche industrielle, vouée à la destruction, sera réinvestie le temps d’une grande manifestation artistique au format hybride. Artistes, performeurs, musiciens, curateurs, conférenciers, hypnotiseurs et poètes viendront habiter le lieu pour y former une communauté éphémère dédiée à différentes expériences de guérison. Celles-ci prendront la forme d’expositions évolutives, de happenings détonants, de conférences décalées ou de concerts assourdissants.

Les anciens abattoirs sont situés au pied d’un vallon industriel dont une grande partie des usines sont vouées à une destruction prochaine, et tout le quartier à une gentrification probable. Les abattoirs ne sont séparés du lac que par une modeste autoroute et ont été construits sur une rivière dont les eaux enfouies servaient à évacuer les fluides corporels inévitablement produits lors de l’abattage des bêtes. Il subsiste trois bâtiments, de différentes époques, offrant environ 1000 m2 d’espaces intérieurs très variés (bureaux, laboratoires, frigos industriels, réception, halles d’abattages, couloirs, chambres, garage, etc.), situés sur un terrain d’environ 3000 m2. Le site sera entièrement investi par L’Hospice des Mille-Cuisses et organisé selon la «logique» fonctionnelle de sa nouvelle affectation: Réception, Permanence, Cabinets de Curateur, Laboratoires, Pharmacie, Institut de la Nouvelle Alliance (INA), Temple du Sommeil, Living Room des Hystéries, Oracle de la Truie Cosmique, Grande Salle des Activités Sensorielles, Blanchisserie, Rec Room, Salle Secrète, Reposoir; à l’extérieur une Promenade sera aménagée afin que les patients visiteurs puissent prendre l’air.

Le terme d’hospice a été utilisé pour désigner des structures relativement différentes les unes des autres: hôpital pour les pauvres, maison d’enfermement des aliénés, lieu d’accueil des vieillards, des infirmes ou des enfants trouvés, ou encore, établissement religieux donnant l’hospitalité aux voyageurs, aux pèlerins ou aux personnes désirant s’éloigner de la cité pour effectuer une retraite spirituelle. Ce n’est pas sans ironie que le CAN entend créer son propre hospice à l’occasion de son 20ème anniversaire. Mais il s’agira surtout de former une communauté éphémère désireuse de se confronter à certaines contradictions induites de la situation actuelle de l’art contemporain, et d’esquisser quelques échappatoires. L’institutionnalisation et la professionnalisation croissantes du milieu de l’art, son économie comme ses moyens de production, ne semblent pas toujours s’accorder au mieux avec ses idéaux avoués: un art du renouveau, de la rupture, de la confrontation, du défrichement, de la vision ou de la sincérité retrouvée.

L’art est-il vraiment visionnaire? Peut-il combler nos vides existentiels? Constitue-t-il un remède? Mais de quoi l’art pourrait-il nous guérir? Sommes-nous malades? De quoi sommes-nous malades? Est-ce que les artistes sont des aliénés? Est-ce que les artistes sont des médecins? des curateurs? Que cherchent les spectateurs dans une exposition? Viennent-ils se confronter à des œuvres ou viennent-ils se retrouver? Est-ce que les expositions sont des thérapies? des retraites? des méditations? des moments de recueillement sur la condition humaine? Est-ce que l’art est une sorte de religion? de secte? une pratique de développement personnel? Ou l’art n’est-il après tout qu’une vaste imposture imposée à grands coups de subventions, de bourses, d’aides publiques? L’art contemporain est-il une des nombreuses déviances de notre société? L’art est-il notre mauvaise conscience? L’art doit-il être soigné? L’art est-il vieux? L’art est-il bon pour l’hospice?

En des temps différents, Antonin Artaud se posait une autre question dans un texte sur Vincent van Gogh: “Et qu’est-ce qu’un aliéné authentique? C’est un homme qui a préféré devenir fou, dans le sens où socialement on l’entend, que de forfaire à une certaine idée supérieure de l’honneur humain. C’est ainsi que la société a fait étrangler dans ses asiles tous ceux dont elle a voulu se débarrasser ou se défendre, comme ayant refusé de se rendre avec elle complices de certaines hautes saletés.” On pourrait alors se demander pourquoi nous n’enfermons plus les artistes. Ne le méritent-ils simplement plus? L’Hospice des Mille-Cuisses ne sera évidement pas le lieu de répondre à ces questions au moyen d’une quelconque thérapie de consolation. Nous cherchons plutôt à créer un espace suffisant pour laisser la “maladie” réaffecter librement les lieux, les êtres et les choses – et par “maladie” nous entendons un état polymorphe, subtil, éthéré, matériel et physique à la fois, qui autorise la transformation, la métamorphose, la mutation. L’Hospice des Mille-Cuisses se veut donc être le laboratoire d’incubation de ces maladies volontaires qui provoquent les visions clairvoyantes, scandaleusement saines, auxquelles ne sauraient prétendre un quelconque bien portant. Dès que l’affection sera généralisée, les expériences de guérison pourront débuter.

Ces expériences ne viseront évidemment pas à retomber dans les faux-semblants de la “bonne santé”, mais à élargir les visions fiévreuses que l’on porte sur (et par) nos contradictions, notre vieillissement, notre rapport aux animaux, à la folie, à la création, aux moyens de production et à la productivité elle-même.

Éditions: coffret/badge/t-shirt/affiche

 

L’Hospice de Mille-Cuisses a fermé ses portes et remercie tout les artistes et bénévoles qui on participé à nos expériences de guérisons!

Grande manifestation pour les 20 ans du CAN
Dans les anciens abattoirs de Serrières

Vernissage le 22 août 2015
Exposition du 23 août au 3 octobre 2015

Curateurs-trices: Arthur de Pury, Marie Villemin, Martin Widmer, Marie Léa Zwahlen

Collaborations: Association de Quartier Serrières Bouge!, Cinéma Minimum, Théâtre Tumulte, l’équipe du Freaks Show

 

Télécharger le programme complet ici

 

Remerciements

Organisation:

Bénévoles: Pauline Bachofner, Julien Baillod, Alexey Blajenov, Najoua Chatti, Sylvain Comtesse, Kiana Delshadnik, Andrée Devost, Jean-Daniel Dubois, Véronique Eggimann, Carole Favre, Hamza Fikar, Gabriel Follonier, David Fontani, Hélène Gandar, Daniel Goldberg, Kester Güdel, Elisabeth Herrmann, Malika Heutschi, Fabrice Huguelet, Antoine Induni, Martin Jakob, Anna Jeanmonod, Anita Lalubie, Joachim Légeret, Nevio Massaro, Charlotte Matthey, Cédric Monneron, Santo Morello, Tiana Morici, Justine Noguera, Paxon, Magali Pexa, Ottilie Pilloud, Mical Poguet, Françoise de Pury, Elsa Raynal, Jehane Reghay, Mathieu Rochefort, Catherine Rohner, Julien Ruedin, Mario Sancho, Aïcha Schutz, Vivian Soares, Victor Steiner, Yacine Zaid, Audrey Zimmerli, Anjie et Pauline, Astrid, Tomas

Bar: Sandrine Troyon & Co

Équipe son: David Ashby, Julien Baillod, Massimiliano Baldassarri

Graphisme: Möslang & Möslang

Visuels, affiche, photographies programme: Martin Widmer

Vidéos: U-Zehn

Partenaires culturels:
AQSB! (Association de Quartier – Serrières Bouge!), La Case à Chocs, Cinéma Minimum, Festival Hors Tribu, Kunst Halle Saint-Gall, CNP – site de Perreux, Queen Kong Club, Théâtre Tumulte, U-Zehn

Remerciements:
Patrick Borel, Laurence Brugger, Claude-Alain et Karine Bugnon, Bernard Colomb, Sylvain Comtesse, Davy Courvoisier, Matthieu David, Véronique Eggimann, Georges Grillon, Frédéric Jacquat, François Jaques, Jean-Marie Lehmann, René Oppliger, Gilles Perrenoud, Stéphane Perret, Françoise de Pury, Jonas de Pury, Mario Sancho et famille, Laurent Schneider, Edvald Thorsson…

Les départements de la culture, du tourisme, de l’urbanisme et de la sécurité de la Ville de Neuchâtel.

Les entreprises BâtiPlus, Chiffelle-Sanitaire, Evolution notebook, Soundpatch, Tivoli Center, Viteos, Zuttion Construction.

Tous les artistes et intervenants, tous les membres de l’association Kunstart, tous nos formidables bénévoles et nos familles.

 

Équipe du CAN:

Arthur de Pury, Marie Villemin, Martin Widmer, Marie Léa Zwahlen, Julian Thompson, Sylvie Linder